Perte Totale Operations est un collectif fluide
autour du poète Antoine Boute. L’équipe consiste en une combinaison modulable
de musiciens, entre autre Mauro Pawlowski, JP De Gheest et Jean Delacoste, et
d’une vj : l’artiste plasticienne Alexandra Crouwers.
Sur Antoine Boute:
Antoine Boute travaille à faire se chevaucher poésie (écrite, sonore, graphique), philosophie, performance et musique expérimentales, notamment en écrivant des livres, en réalisant des lectures/performances ou en organisant des événements. Il est l’auteur d’une dizaine de livres publiés en France, Belgique et Canada dont Cavales (Mix), Du toucher. Essai sur Pierre Guyotat (publie.net), Brrr! Polars expérimentaux (Voix) et Tout Public (Les Petits Matins). Il fait des performances un peu partout en Belgique, France et Pays-Bas. Il programme le cycle de soirées BRUL aux Ateliers Claus à Bruxelles et organise Boslawaai, festival biohardcore dans la forêt de Soignes.
Critiques:
Sur Antoine Boute:
Antoine Boute travaille à faire se chevaucher poésie (écrite, sonore, graphique), philosophie, performance et musique expérimentales, notamment en écrivant des livres, en réalisant des lectures/performances ou en organisant des événements. Il est l’auteur d’une dizaine de livres publiés en France, Belgique et Canada dont Cavales (Mix), Du toucher. Essai sur Pierre Guyotat (publie.net), Brrr! Polars expérimentaux (Voix) et Tout Public (Les Petits Matins). Il fait des performances un peu partout en Belgique, France et Pays-Bas. Il programme le cycle de soirées BRUL aux Ateliers Claus à Bruxelles et organise Boslawaai, festival biohardcore dans la forêt de Soignes.
Critiques:
Tout public d'Antoine Boute par Éric Houser
«Tu l'as lu, le livre de Boute ? Pas très (a)bouti non ? Ses
historiettes, il se les raconte au dictaphone ou quoi ; c'est l'impro
totale tu ne trouves pas ? (Qu'est-ce que tu en penses au fond
?)». À ces questions (malveillantes) qui n'en sont pas, dont m'assaille
un double non-dupe et de triste humeur, je réponds : que je ne
répondrai pas. Antoine Boute a écrit son livre, en effet, en mettant
bout à bout des petites histoires, des historiettes du père Castor, mais
ici ce n'est pas comme je l'ai lu quelque part «instant tendresse et
moment câlin pour éloigner les peurs de la nuit». Quoique. Donc il y a
des histoires, plus ou moins emboîtées, qui convergent vers (explosent
dans) un banquet (bouquet) final qui doit assez peu au dialogue éponyme.
Quoique. Ces histoires, elles me font penser de loin à la série Happy
Tree Friends, des petits dessins animés qui commencent tout gentiment et
se terminent toujours trash / gore (on peut les voir sur site). Boute,
l'emboîtant, est porté je dirais par un enthousiasme oral, très
communicatif (que l'on retrouve dans ses performances, mais c'est
peut-être leur souvenir qui me fait le retrouver dans son texte). Et
c'est cet enthousiasme, à mon avis, synonyme de rapidité, de course à
l'objet évanescent du désir, de course trébuchante filant sans repentir,
qui imprime au texte son côté «bouté» (de bouter, verbe du premier
groupe qui signifie pousser - du côté d'un mouvement, d'une avance).
Alors bien sûr, excuse-moi Antoine pour cette remarque teinté de
culturalisme, nous Français (je dis nous, pas je) on adhère réticemment,
comme du bout des lèvres, à une écriture qui..., à une écriture que...,
bref à un art qui a l'air comme ça un peu art brut, mal dégrossi (un
côté basse culture - le tout public revendiqué du titre -, «slam» si
l'on veut). C'est qu'on l'aime, la contention du style, le frisé du
stylet phrasant. Mais ce faisant, on perd il me semble quelque chose qui
est comme la charge érotique de l'écriture, qui est ici pour reprendre
la célèbre opposition barthésienne (dans Le plaisir du texte)
plus du côté de la jouissance que du côté du plaisir, c'est-à-dire plus
de la perte subjective que d'une fonction régulatrice. Et qui est au
fond le motif du livre, sa recherche. C'est tout à fait explicite dans Le banquet,
déjà cité. Il y a dans ce livre, c'est notable, quelque chose de la
décharge orgasmique, et la métaphore qui me vient car elle court tout le
long, c'est celle de l'éjaculation (il y a d'ailleurs une homophonie
entre le jacuzzi, dont se formule la «théorie», en épilogue, et
l'éjaculation) : les dessins pornolettristes qui émaillent et concluent
le texte final peuvent être vus comme des éjaculations graphiques.
C'est, ainsi, la poursuite acharnée d'une forme, jusqu'à la jouissance
hors-sens, qui à l'égal d'autres textes modernes et contemporains
(n'ai-je pas lu qu'Antoine Boute avait rédigé quelque chose sur Guyotat
?) anime le pro-jet de cette écriture. «Au fond, il y a la forme»,
disait Christian Dotremont dont j'imagine qu'avec AB ils se sont
croisés dans la forêt de Tervuren (le premier y naquit, où le second
réside). L'inventeur du logogramme et le thuriféraire du pornolettrisme,
je les vois se faire signe à travers les arbres.
Le commentaire de sitaudis.fr